Un jeune poitevin et l'inconnue de la forêt by Annie Plait

Auteur:Annie Plait [Plait, Annie]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Geste Éditions
Publié: 2022-04-05T00:00:00+00:00

XXV

Dans l’après-midi, Medéa me téléphone :

— Allo, David, retrouve-moi plutôt au rond du Clocher, tu connais ?

— Oui.

— Puisque tu m’as si bien pistée ! et elle rit.

Je la sens heureuse, détendue.

— Tu peux te garer dans une allée entre la route de Saint-Pierre-du-Lorouër et celle de Chahaignes, n’oublie pas ! le rond du Clocher à neuf heures du soir.

Jalousie de ma part ? Certainement, et le désir d’affirmer ma possession de Medéa. Plutôt que de me rendre sagement au rond du Clocher à l’heure du rendez-vous, je vais, dès huit heures du soir, l’attendre à sa sortie du chenil. Elle arrive, marque un temps d’arrêt lorsqu’elle me reconnaît, s’approche en fronçant les sourcils. Ai-je encore gaffé ? Ah ! Herbault est là qui ferme son portail puis s’en va.

Naturellement, il m’a reconnu, comprenant cette évidente scène de ce jeune homme très empressé auprès de Medéa.

Medéa murmure entre ses dents :

— Tu n’aurais pas dû m’attendre.

— Mais pourquoi ? Pourquoi ? puisque…

Je vais ajouter « ta liaison avec lui est finie ».

J’en ai eu la preuve hier soir et cette nuit.

Cependant, afficher notre récente intimité était une erreur…

Medéa ne revient pas sur ce faux-pas, mais elle reste longtemps muette et semble très tracassée.

Arrivé au rond du Clocher, je gare mon auto et me laisse guider. J’observe qu’elle a mis une tenue cuirassée avec des gants en cuir et un bonnet : cela m’alarme un peu.

— On dirait que tu te prépares à un dressage !

— Non, non, rassure-toi, mais ils ne te connaissent pas, tu comprends.

Sur ses conseils, j’enfile mon pardessus et, de toute façon, j’ai des gants de conduite.

Comme je suis passager, j’ai le temps de repérer l’itinéraire, d’abord codes allumés, puis, à partir du rond du Clocher, elle prend une étroite route qui n’est ni celle de Flée ni celles de Chahaignes ni une allée forestière. Après deux kilomètres, elle tourne à gauche dans une route encore plus sinueuse, puis j’aperçois, sur notre gauche, des énormes tas de pierre hauts comme une maison, qui dissimulent une véritable dépression du terrain. Elle éteint ses codes, laisse la voiture ouverte et, en me prenant par la main, m’entraîne vers cette entrée de cave taillée dans la falaise en tuffeau, celle que j’avais découverte…

Elle chuchote :

— C’était une cave pour entreposer le vin, c’est profond et très sain, température égale, Herbault la loue.

Elle pousse une porte en bois, nous traversons une première cave qui est vide, puis nous arrivons à une grille qu’elle ouvre à clef. Aussitôt les chiens-loups s’attroupent : elle a apporté eau et viande, cependant elle ne ressort pas avec eux. Je la vois remuer des bocaux ou des flacons sur une étagère d’un air soucieux, puis elle semble s’en désintéresser, choisit deux chiens qu’elle attache ensemble au bout d’une laisse, me demande de refermer grille et porte et les fait entrer dans la voiture.

Puis la même scène que j’avais observée de loin se déroule sous mes yeux : les deux chiens-loups s’élancent, courent et sautent, heureux de

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